Gaza : Le Président Guelleh estime que « l’acharnement des autorités israéliennes » s’apparente à un « génocide »
Dans un entretien qu’il vient d’accorder à Jeune Afrique, le chef de l’Etat a indiqué que « l’acharnement des autorités israéliennes contre le peuple de Gaza, la volonté affichée d’en finir une fois pour toutes avec lui et le massacre indiscriminé de civils sont constitutifs d’un génocide en cours ».« Je n’ai aucun doute là-dessus », a-t-il insisté, répondant par la négative à la question du journaliste qui lui a demandé s’il considérait le Hamas « comme un mouvement terroriste ».
« Absolument pas. La lutte que mène le Hamas est une lutte légitime pour la liberté du peuple palestinien, même si le fait que des civils innocents puissent en être les victimes est une évidence », a-t-il tranché.
« En quoi combattre un gouvernement qui vous dénie l’accès à une terre qui est la vôtre relève-t-il du terrorisme ? », lui a demandé le chef de l’Etat.
Concernant les « collectes populaires de solidarité avec Gaza » organisées à Djibouti et si « cela n’a pas posé de problèmes avec les partenaires occidentaux », le Président Guelleh a affirmé que Djibouti n’avait « pas à leur demandé un avis ».
« Je crois qu’eux-mêmes savent très bien que ce siège doit cesser. Mais ils n’ont pas le courage de le dire, car dès que quelqu’un émet une opinion contraire au narratif israélien, il est immédiatement diabolisé », a-t-il expliqué.
« Djibouti n’a aucune relation avec l’État d’Israël, de quelque nature que ce soit, et nous n’avons jamais eu l’intention d’adhérer aux accords d’Abraham », a-t-il ajouté, estimant qu’“il n’y a qu’une seule voie de règlement possible : celle des deux États préconisée par l’ONU ».
Pour ce qui est des « rebelles Houthis qui tentent d’interrompre le trafic maritime en mer Rouge au large des côtes de Djibouti, suscitant une riposte militaire des Américains et des Britanniques », le chef de l’Etat a souligné que « cela perturbe gravement la liberté de circulation maritime en mer Rouge ».
« C’est d’ailleurs l’unique effet de ce qui est en réalité une « proxy war » menée par l’Iran, via les Houthis, contre les États-Unis, l’Arabie saoudite, l’Égypte et l’Otan », a-t-il poursuivi.
« Les Israéliens s’en fichent, et je dirais même que cette situation les arrange », a fait savoir le chef de l’Etat, considérant qu’« ils feraient bien d’envoyer leurs missiles vers le Nord, si ce qui motive les Houthis est réellement Gaza ».
Quant à la question relative à l’utilisation par « l’armée américaine de sa base à Djibouti dans le cadre de l’opération Protective Shield », il a répondu : « Non. Nous nous sommes mis d’accord là-dessus. Djibouti reste en dehors de cette affaire ».
À la question de savoir si le Président Guelleh partageait l’opinion des Etats-Unis qui ont souscrit les Houtis dans la catégorie « groupes terroristes », le chef de l’Etat a fait savoir que les Houthis sont un élément important sur l’échiquier yéménite, pas un groupe terroriste ».
« Même si nous reconnaissons le gouvernement du président Alimi comme le seul légitime, nous ne pouvons ignorer l’existence d’un mouvement puissamment armé et qui contrôle la capitale, Sanaa », a-t-il dit.
Aux allégations de plusieurs médias, selon lesquelles des dirigeants Houthis ont acquis la nationalité djiboutienne en août 2023, le Président Ismail Omar Guelleh les a qualifiés de « fake news », précisant qu’il « s’agit de deux ou trois hommes d’affaires yéménites qui ont investi à Djibouti. Aucun rapport avec les Houthis ».
S’agissant de « l’impact de la crise en mer Rouge sur l’activité du port de Doraleh », il a répondu qu’il est « sensible, mais maîtrisé pour l’instant ». « Il ne faudrait pas que cette situation perdure », a-t-il toutefois reconnu. Et d’expliquer : « À la fin de février, le volume des importations à destination de Djibouti et de l’Éthiopie avait baissé de 20