Ismaïl Omar Guelleh à Jeune Afrique au sujet de la crise en Ethiopie : "Djibouti ne souhaite qu’une chose : le retour à la paix"
"En tant que pays frontalier, et donc potentiellement impacté, Djibouti ne souhaite qu’une chose : le retour à la paix."
C’est en substance ce qu’a indiqué le président de la République, M. Ismaïl Omar Guelleh, dans un entretien à Jeune Afrique qui a abordé avec lui un certain nombre de sujets dont le conflit en Ethiopie.
"Depuis l’empire jusqu’à Meles Zenawi, en passant par Mengistu Haile Mariam, le « vivre-ensemble » n’a jamais été la règle en Éthiopie. Il y a toujours eu un dominant et des dominés", a affirmé le chef de l’Etat, qui a souligné toutefois que le Premier ministre "Abiy Ahmed a « renversé la table » avec d’excellentes intentions."
Malgré cela, "il se heurte à de très nombreuses résistances, en particulier au Tigré, où la population vit sous la coupe du Front de libération du peuple [TPLF]. Sa situation est donc difficile", selon le président Guelleh.
"Cela étant, nos relations personnelles et bilatérales sont bonnes", a-t-il indiqué.
"L’Éthiopie est confrontée à un problème majeur : il fait face à une organisation politique, le TPLF, qui dépouille l’autorité fédérale et qui s’est structurée pour faire plier le gouvernement central", a expliqué le chef de l’Etat, estimant que, dans cette situation, "le Premier ministre éthiopien a le choix entre deux options."
La première option conduit, selon lui, "à discuter avec le gouvernement du Tigré en tant que deux entités séparées et qui s’équivalent."
"Cela, a-t-il dit, ne peut aboutir qu’à la partition de l’Éthiopie, puisque ce sera un précédent en vertu duquel d’autres entités régionales pourront faire valoir leurs propres revendications sécessionnistes."
Quant à la seconde option, elle consiste à "rétablir la loi et l’ordre fédéral, et punir ceux qui veulent casser le pays", a fait savoir le président Ismaïl Omar Guelleh, qui a ajouté que "Abiy Ahmed a choisi cette seconde voie, laquelle va permettre à la population d’élire ses propres dirigeants."
"C’est pour cela qu’il a renvoyé le gouvernement local et dissous le Parlement du Tigré", a estimé le chef de l’Etat.