Conférence de paix d'Arta : Un quart de siècle après.
En septembre 1999, à peine quelques mois après son arrivée au pouvoir, le président Guelleh, à la tribune de l'ONU, plaidait le retour de la Somalie dans le concert des Nations.
La chute du régime de Syad Barreh au début des années 90 ayant accélèré le démantèlement de l'autorité centrale, le pays était alors aux mains d'un quarteron de seigneurs de guerre dont la cruauté n'avait d'égale que leur détermination à entretenir le climat de violence et les pillages dont ils tiraient à la fois notoriété et rentabilité. De véritables sangsues.
Le petit peuple, passé sous le joug des factions tribales dont la démultiplication annihilait l'idée même de nation, continuait de souffrir sous le regard figé, presque absent d'une communauté internationale calfeutrée dans les bâtisses de son instinct primaire : l'indifférence. La place de la Somalie dans le concert des nations était ́naturellement vide. Bref, le chaos semblait avoir de beaux jours devant lui.
Succédant au père Gouled au sommet de l'Etat, le président Ismaïl Omar Guelleh avait, depuis longtemps, fait le choix de briser l'omerta sur la situation de la Somalie et ses perspectives désastreuses. Et son discours retentissant à l'ONU a fait mouche.
A partir de là, l'idée d'organiser à Djibouti une conférence de paix rassemblant, au-delà des belligérants, toutes les composantes du peuple somalien, un socle représentatif de toutes les nuances, a cheminè. Espace de villégiature et de convivialité apprecié de tous pour sa fraîcheur, Arta a été choisi pour réunir les frères ennemis et abriter les pourparlers de paix.
Sur les hauteurs d'Arta, et au terme de longues semaines de négociations, va prendre corps l'autorité centrale qui faisait défaut depuis près de deux décennies â la Somalie. Ce travail de longue haleine sera couronnè par la formation du Parlement dont les membres vont par leurs suffrages départager les différents candidats à l'élection présidentielle. Et c'est le nom d'Abdikassim Salad Hassan qui va s'imposer dans les urnes.
Aussitôt élu, le nouveau président s'attele à nommer un Premier ministre en la personne du regretté Ali Khalif Galeid. Feu Abdallah Derow Isaaq prend quant à lui la tête du Parlement nouvellement créé. Ne pouvant se permettre de manquer ce rendez-vous avec l'histoire, la communauté internationale ne tarde à reconnaître le nouveau gouvernement somalien.
Un des moments le plus émouvants aura été sans doute l'arrivée à Mogadiscio des autorités somaliennes investies à Arta. Le peuple somalien, dont le désir le plus ardent est d'en finir avec le chaos et l'anarchie, réserve un accueil triomphal au président Abdikassim Salad Hassan et aux membres de son gouvernement. Les abords de l'aéroport Aden Abdille Osman sont noirs de monde. Bien qu'exangue, le pays est de nouveau debout face à l'Histoire.

